J’ai récemment lu un livre très inspirant « tant d’hiver au cœur du changement » de Michèle Roberge, et souhaite partager avec vous les réflexions. Ce premier article précise la différence entre changement et transition, en lien avec les cycles des saisons. Bonne lecture !
Notre vie est guidée par 3 temps :
– Kairos, le Dieu du mouvement juste ;
– Kronos, le Dieu du temps qui s’écoule ;
– Ayon, le Dieu des cycles.
A l’arrivée d’un nouveau cycle, on désire que l’être humain s’adapte au changement et non qu’il y contribue avec tout ce que la transition lui fait vivre. C’est le déni que nous avons d’être toujours au mieux de nous même qui nous rend pénible la remise en cause. Or, le changement n’est pas une régression, mais la préparation de futures moissons. L’équilibre n’est pas dans la stabilité figée, mais dans la capacité de danser dans le mouvement, car la vie est mouvement.
Le changement est externe, visible : Il peut être un changement relationnel, de vie quotidienne, personnel, travail et financier, ou intérieur. On peut changer un peu, sans pour autant entrer dans un processus de transition. On peut changer en profondeur, vient alors la phase de transition.
La transition est interne, unique à chacun, intime : C’est un processus vivant, et non mécanique ou automatique. C’est la face cachée du changement, c’est l’intervalle ou ce qui change nous traverse. Ce qui se passe fait passage en soi pour faire advenir ce qui est déjà là.
Le processus de changement se déroule en 3 étapes :
- Laisser aller la vieille situation
- Subir la confusion d’être nulle part. Tout changement commence par une fin. L’étape centrale est le passage au neutre, l’essentielle errance.
- Se lancer en avant dans la nouvelle situation
Habiter le changement, c’est donc y plonger, le vivre profondément. C’est tout d’abord reconnaitre la transition, la cause des émotions et accepter qu’elles soient naturelles. Écouter les questionnements et les doutes, s’approprier le changement plutôt que seulement réagir. C’est en second temps aller à la rencontre des émotions véritables et profondes, pour ne pas être dans l’autoaccusation, la culpabilisation, ou le blâme des autres.
Or, dans notre monde de consommation, on veut tout tout de suite, nous perdons la réalité du temps et de la patience nécessaire. Nous pouvons faire un parallèle avec les saisons. Comme l’automne, la 1ère phase est de faire rupture de l’ancien, laisser venir la période de confusion, flou, vide qui ressemble à l’hiver. En effet, la chaleur et l’énergie du printemps se prépare dans le vent, la pluie, la grisaille, le froid, la blancheur et la dormance de l’hiver :
- Achèvement : c’est la perte, la rupture, la fin, la coupure. C’est un long process conduisant au lâcher prise, laisser aller. C’est mener à la bonne fin, finir ce qui a été commencé. Dire au revoir.
- Essentielle errance : c’est le territoire à explorer (« erre » : trajet, voyage, marche, chemin, route ; « errer » : marcher à l’aventure, hésitation, aller ici ou là), la notion de doute et de création potentielle. Cette saison de transition, bien que inconfortable, est absolument nécessaire, car c’est elle qui amène l’être à son essence.
- Commencement, création : c’est l’origine, l’ouverture, l’aube, l’aurore, l’amorce, l’ébauche. Elle est à différencier du renouveau qui signifie retour à zéro.
La position de départ de l’individu qui entre en transition aura une influence importante sur le regard qu’il porte sur son itinéraire. L’approche est différente selon que le changement soit voulu (on voit le futur et non la perte) ou subi (on ne voit que ce que l’on quitte). C’est important de voir les deux : si on ne regarde pas ce qu’on perd, on aura une seconde phase de vide, d’absence, la perte rattrapera. Si on ne regarde pas le futur, on se fige dans l’achèvement, l’impression que tout s’arrête, que rien ne semble possible.
Ce qui pose problème, c’est que dans toute situation, le regard ne se pose pas sur l’errance, qui est pourtant essentielle. Si on veut le changement, on ne voit que le printemps ; si on ne veut pas le changement, on s’accroche à l’automne… Alors que dans tous les cas on veut escamoter l’hiver.
Dans les prochains articles, je détaillerai chaque saison, puis aborderai comment explorer l’errance.